A pieds joints dans l'inconnu - L'invitation du philosophe Krishnamurti
Tout va bien pour vous ? La vie suit gentiment son cours, vous vous sentez relax à longueur de journées ? Bravo. Mais l’inconnu vous bouscule-t-il suffisamment ? L’inconnu, c’est un endroit ambigu : on est tenté d’y aller et on veut en même temps l'éviter. Il nous fascine et nous fait peur. D’où l’intérêt de l’explorer ! Lorsqu’on saute à pieds joints dans l’inconnu, on s’ouvre à la nouveauté. C’est le pari du courage, car nous choisissons alors de privilégier ce qui est difficile, inconfortable ; nous acceptons de quitter le confort de ce que nous connaissons déjà pour nous aventurer en terres inconnues.
Au niveau Macro : un formidable élan humain
Si l’on observe l’histoire, l’être humain dans sa quête de progrès est animé de cette impulsion à aller au delà de ce qu’il connaît, pour découvrir et comprendre son univers, ou pour inventer ce qui n’existe pas encore. Les démarches scientifiques et créatives partent toujours vers des territoires inconnus. Explorateurs, scientifiques et philosophes cherchent à dévoiler ou transcender les mystères du réel. Ils ont en commun d’accepter d’avancer dans un brouillard dense et de s’y perdre. Une curiosité naturelle partagée aussi par… tous les enfants ! Cette tendance fascinante contraste avec celle plus pernicieuse et répandue qui consiste, a contrario, à privilégier l’usage répété des mêmes recettes. Plutôt que le risque de l’inconnu, on se complait inlassablement dans ce qu’on connaît déjà, dans la facilité...
Nous préférons nous accrocher au connu plutôt qu'affronter l'inconnu, le connu étant notre maison, nos meubles, notre famille, notre travail, ainsi que notre caractère, notre savoir, notre célébrité, notre solitude, nos dieux. En somme, le connu est cette petite entité qui tourne incessamment autour d'elle-même, dans les limites de son existence amère. - Jiddu Krishnamurti
Un confort qui peut vite devenir inconfortable
C’est plus facile et confortable, mais cette tendance peut s’avérer néfaste et mener à l’épuisement de nos ressources vitales. Car nous agissons et vivons avec moins d’enthousiasme, moins d’énergie, moins de satisfaction. Notre corps fonctionne moins bien aussi car aucun défi ne le stimule. Nous cherchons à préserver ce que nous avons et croyons, avec des méthodes connues mais qui montrent leurs limites ou ne fonctionnent plus, et nous restons dès lors confrontés aux mêmes difficultés, qui souvent empirent. Le confort devient très inconfortable. Nous évitons de nous poser les bonnes questions car nous ne savons pas où les réponses à celles-ci pourraient nous amener. Pour beaucoup d’entre nous, le mot d’ordre est “Tout, sauf l’inconnu !” Que pourriez-vous entreprendre aujourd’hui pour franchir les limites de ce que vous connaissez et vous aventurer dans ce que vous ne connaissez pas encore et qui vous intrigue et titille votre curiosité, votre intérêt ? Posez-vous la question et passez à l’action sans attendre. C’est ce à quoi la vraie vie nous appelle.
Au niveau Micro
L’invitation du philosophe Krishnamurti
Dans son livre “Se libérer du connu”, Jiddu Krishnamurti, grand philosophe indien nous invite à trouver en nous les moyens de nous détacher de ce qui nous aliène :
“Je mène une certaine vie ; je pense d'une certaine façon ; j'ai mes croyances, j'accepte certains dogmes ; et je ne veux pas perdre ces armatures de mon existence car j'ai mes racines en elles. Je ne veux pas qu'on les conteste, je ne veux pas que l'on vienne me troubler, car je me trouverais dans l'incertitude détestable de celui qui ne sait pas. Si l'on m'arrachait à tout ce que je sais et crois, je voudrais avoir une certitude raisonnée quant à ma nouvelle condition. Ainsi il se trouve que les cellules de mon cerveau se tracent certains circuits et qu'elles refusent d'en tracer d'autres, qui comporteraient une part d'incertitude. Le passage de la certitude à l'incertitude est ce que j'appelle la peur.”
Krishnamurti nous montre que l’inconnu nous plonge en fait dans nos retranchements les plus profonds, et nous lie - tout autant qu’il nous confronte - à nous-mêmes par le biais de la peur.
Plonger dans l’inconnu demande du courage
La peur peut nous figer, et donc nous empêcher de faire ce à quoi nous aspirons réellement. Le temps est venu de la surpasser. Et si nous prenions une dose de courage pour oser regarder en face ce que nous redoutons tant. Krishnamurti prône, comme les Stoïciens avant lui, une philosophie de la connaissance de soi. Il nous invite au fil de son oeuvre à regarder à l’intérieur de soi, à se pencher sur ce qui nous angoisse le plus : nous-même. Et c’est difficile car, effrayés à l’idée de cette rencontre, nous multiplions les solutions de nous en éloigner. Avec lucidité, Krishnamurti nous recommande de persévérer, en observant nos mécanismes et nos peurs, pour peu à peu nous en détacher. Et il nous invite, pour cela, à pratiquer la méditation. Par celle-ci, nous pouvons laisser s’envoler nos pensées relatives au temps. Car, nous dit-il, le passé et le futur nous emprisonnent.
- Futur: on a peur par anticipation.
- Passé: on a peur de la répétition de quelque chose qui s’est déjà déroulé.
La peur est-elle le produit de la pensée? Si elle l'est, la pensée étant toujours vieille, la peur l'est aussi. Ainsi que nous l'avons dit, il n'existe pas de pensée neuve: si nous la reconnaissons, c'est qu'elle est vieille. Ce que nous redoutons, c'est une répétition du passé: la pensée de ce qui« a été » se projetant dans le futur. C'est donc elle, la pensée, qui est responsable de la peur. Vous pouvez d'ailleurs vous en assurer vous-mêmes. Lorsqu'on est face à face avec l'immédiat, on n'a aucune peur: elle ne survient que lorsque intervient la pensée.
Pour Krishnamurti, la vraie vie se passe maintenant, dans l’instant, et nulle part ailleurs. Idée largement partagée par Eckhart Tolle dans son livre “Le pouvoir du moment présent”.
Observons cette part de nous-mêmes qui nous est inconnue.
Oser se jeter dans l’inconnu, c’est apprivoiser une nouvelle manière de penser, de réfléchir, mais surtout d’agir. C’est s’affranchir des conditionnements qui nous freinent, de ce qu’on connaît par coeur. Les premiers pas sont souvent les plus compliqués. Mais si nous ne voulons plus ressasser inlassablement les mêmes erreurs, et éviter leurs conséquences néfastes sur nous, mais aussi sur notre environnement, il est temps d’entrer dans l’inconnu. Comme le dit Jacques Brel dans cette vidéo : “Le plus dur pour un homme qui habiterait Vilvoorde et veut vivre à Hong Kong, ce n’est pas d’aller à Hong Kong, c’est de quitter Vilvoorde.” Vous nous accompagnez ?
Victoria & Pierre
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