Avez-vous fait le bon choix ? Comment s'en assurer ?

Avez-vous, vous aussi parfois ou même souvent, l’impression d’avoir plusieurs voix dans la tête qui vous écartèlent dans des voies multiples, rendant difficile ou impossible de faire le bon choix ?

La voix de la raison ?

Quelle voix/voie faut-il écouter pour s'assurer de faire un bon choix ? Tiraillés face à des options cornéliennes, notre quotidien nous impose de lourdes décisions. Des décisions tragiques et qui auront des répercussions faramineuses ! Comme par exemple acheter cette paire de chaussures au dessus de mes moyens ? Ou ne pas les acheter pour économiser ? Manger cette pizza surgelée ? Ou faire l’effort de découper et cuisiner mes légumes bio qui vont pourrir dans mon frigo si je ne les cuis pas ce soir ? Oh oui, la vie est dure. Bon, je prends un peu le sujet à la légère, mais pas tant que ça. D'autant que la répétition de "mauvais choix" bénins peut avoir des effets catastrophiques sur notre vie. Imaginez par exemple l'effet de la consommation de pizzas surgelées quotidiennes ou de l'addiction au shopping. Sans oublier que d'autres choix, nettement plus sérieux ceux-là, se présentent régulièrement à nous. M'engager ou pas avec cet homme-là ? Avoir ou pas un enfant avec lui ? (Mais ces choix-là, je les ai déjà faits et bien faits, enfin... j'espère ;-)

Tout est relatif ?

Si je choisis de manger un éclair au chocolat plutôt qu’une pomme, les conséquences seront évidemment moindres comparées à celles de décisions comme partir escalader l’Everest, devenir prof de ski, se marier ou plutôt de ne pas le faire... Que se passerait-il pour nous si nous choisissions de résister à la pression sociale qui voudrait que nous fondions tous une famille, que nous achetions un appartement et une voiture, et que nous consommions encore et encore... Pas simple, tout cela... A tel point que, parfois, choisir me semble insurmontable. Il faut beaucoup de courage pour prendre des décisions difficiles. Et cependant, il le faut bien car, comme le dit Sartre, “Ne pas choisir c’est encore un choix.” Quoi qu'il advienne, je suis donc condamnée à choisir. Aaarghhh ! Alors, comment cela se passe-t-il dans notre tête ? Comment cela se fait que, parfois, toutes nos voix intérieures ne forment plus qu’un brouhaha cacophonique ? Que nos pensées se mêlent au point de devenir inaudibles et que nous n’arrivions plus à savoir quelle est la bonne décision ? Choisissons-nous vraiment de façon libre ? Et quand je décide de ne pas choisir, qu'est-ce qui me retient ? De quoi ai-je peur ?

Le moi, le ça et le surmoi ça vous dit quelque chose ?

Freud apporte de premiers éclairages à ce sujet, même si sa théorie psychanalytique a pris des rides. Selon le grand Sigmund, notre "moi" (notre conscience) serait tiraillé par deux autres parties de notre personnalité (le ça et le surmoi) et par le monde extérieur. Le "surmoi", c’est un peu comme un père ou une mère sévère qui nous dicte la conduite parfaite à avoir en société. Le surmoi, c'est ce professeur tyrannique, avec sa règle, qui nous fait répéter : il ne faut pas répondre au professeur. Le surmoi c’est notre morale qui se situe dans notre partie inconsciente. Le "ça" est une part plus obscure de nous, ce sont toutes nos pulsions inconscientes qui nous incitent à rechercher le plaisir, la satisfaction immédiate, sans limites ni contraintes. Et notre pauvre moi est balloté entre ces trois entités aux préférences souvent divergentes que sont le surmoi, le ça et le monde extérieur.

"Le moi est une pauvre créature, devant servir trois maîtres*." Sigmund Freud 

Freud vs Sartre ? Déterminisme radical vs liberté radicale ?

Mais ce cher Freud n’aurait-il pas pris un petit coup de vieux en ne laissant au final que très peu de place pour notre liberté ? Si notre moi est dicté par notre inconscient, comment fait-on pour avoir une quelconque emprise sur le cours de notre vie ? En grossissant les traits, c’est ce que lui a reproché le philosophe existentialiste, Jean-Paul Sartre. Pour ce dernier, on ne peut pas laisser la conscience comme une chose passive. Au contraire, selon lui, la chose la plus angoissante pour l’humain est sa lourde charge d’être responsable de ses actes. "Nous avons sur nos épaules ce lourd fardeau qu’est la liberté." Liberté radicale donc pour Sartre : nos choix doivent être opérés en pleine conscience. Selon lui l’inconscient de Freud est l’ultime position de mauvaise foi.

“Vous êtes votre meilleur ennemi”

Même si je pense comme Sartre que nous sommes libres, il est important de souligner que nous sommes pourtant en partie prédéterminés et conditionnés à agir de telle ou telle façon.  Nos instincts, nos habitudes, les conventions imposées par la société, nos parts de nous-mêmes... nombreuses sont les voix qui tentent d'influencer nos choix. Sans compter notre auto-critique, souvent virulent, qui peut nous conduire à l'immobilité totale, voire à l'auto-destruction. Nous sommes hélas souvent notre meilleur ennemi. Heureusement, il y a aussi ce que le psychothérapeute systémicien Richard Schwartz appelle le "Self", notre méta-conscience (la partie de notre esprit qui est notamment consciente du fait que nous soyons conscients). Et ce Self est sans doute un excellent guide. Il nous conseille comme le ferait le meilleur des amis. Ouf !

Alors, comment faire de bons choix ? Des choix libérés de toutes ces influences ?

La pilule bleu ou la pilule rouge ?

Comme dans Matrix, chaque décision demande que l’on anticipe, que l’on prenne en considération à la fois les dangers mais surtout les possibilités. Voici quatre étapes pour prendre de meilleures décisions.

  1. Back to the roots. Prenons conscience de ce qui nous influence vraiment, de ce qui nous aliène, de ces voix qui ne sont pas tout à fait nous-même, ou pas que nous-même. Apprenons à nous en détacher, à en faire le tri et à retrouver notre “désir” profond.
  2. L’étape un peu sinistre: l’épreuve du néant, ou de la mort. Il s’agit de penser notre choix face à notre finitude. Nous ne sommes pas éternels. Mettre en perspective notre décision au regard de l'inéluctable limite que représente notre mort. Cela nous aide à prendre de la hauteur et de la profondeur.
  3. Prudence mais aussi courage. Oui il est utile d'être prudent mais sans tomber dans des craintes exagérées qui nous empêcheraient d’avancer. Le vrai courage se révèle face à des risques. Mais il se situe à mi-chemin entre la lâcheté et la témérité (qui nie le danger). Alors roulez jeunesse !
  4. Ecouter son intuition. Elle est souvent un très bon indicateur, mais gagne également à être soumise à l’épreuve de notre rationalité, notamment parce que sa voix est proche de celle de l'instinct.

Voilà donc quelques repères pour vous aider à faire le bon choix. Lesquels auriez-vous besoin de faire ou de reconsidérer maintenant ? Moi, je vais de ce pas choisir le thème de mon prochain article... A bientôt pour la suite...

Victoria  

Crédits photos: Justin Luebke - Unsplash